lundi 27 février 2012

Le redoux s'est gentiment installé sur la ville. On commence à pouvoir aérer plus longtemps, et Seccotine découvre les joies de la fenêtre ouverte. Assise sur le plan de travail en face de la fenêtre, elle passe de nombreuses minutes la truffe au vent à humer l'air de la cour. Depuis son bureau, Aurélien la surveille du coin de l’œil, de peur qu'elle ne tombe. Dès qu'elle fait mine de poser une patte sur le rebord, il se lève et l'enlève du plan de travail. Puis il retourne à son bureau et la pose sur ses genoux. Mais Seccotine est trop jeune pour se résigner à l'immobilité forcée : aussitôt elle fuit les genoux hospitaliers et retourne à la fenêtre. Elle s'installe une nouvelle fois, observe la cour un instant et finit par céder aux sirènes du rebord. Sans attendre, Aurélien intervient. Au bout de quelques tours de ce petit manège, Aurélien, excédé, ferme la fenêtre.

samedi 11 février 2012

Mini-chat nous regarde, nous regarde le regarder. "Mini-chat", c'est ainsi qu'on l'appelle depuis son arrivée, depuis plus d'un mois. Parce que c'est un chat, et que c'est une miniature. Quand on l'a eu, on pouvait le tenir dans le creux de la main. Maintenant, il tient toujours dans la main, mais il ne veut plus y rester. Car à présent, Mini-chat est un démon. Mini-chat, qui marchait à peine quand nous l'avons adopté, saute sur tout ce qui bouge -comme nos pieds- ou ce qui ne bouge pas -comme les vieilles chaussettes d'Aurélien. Mini-chat a une corbeille et un arbre à chat mais Mini-chat couche dans les vieux cartons et se fait les griffes sur nos jambes.

"Déjà, est-ce qu'on est sûrs de son sexe ?"

On m'a donné la bête sans me préciser son sexe : soit disant que si petit, on ne pouvait pas encore savoir. Un rapide tour sur internet m'a appris qu'en réalité, le sexe du chaton pouvait être déterminé à la naissance. Mais il m'a fallu visualiser un certain nombre de photos de derrières de chatons pour me faire une idée. Une idée floue. Je suis arrivée à la fragile conclusion que notre rouquin était une rouquine.

J'attrape Mini-chat qui a eu la mauvaise idée de se poster à portée de mains, le retourne et lui soulève la queue.

"Toujours une chatte, aux dernières nouvelles."

"On pourrait l'appeler Minnie, ça nous changera pas trop."

"Autant lui donner un vrai nom d'héroïne littéraire. Comme, je ne sais pas, moi, Albertine."

"Albertine ?! Et pourquoi pas Scarlatine, pendant qu'on y est," s’esclaffe le médecin qui sommeille en Aurélien.

"Et Seccotine ? C'est mignon Seccotine, non ?"

Aurélien applaudit et s'en retourne à ses cours.

"C'est tout ? On l'appelle Seccotine ? Pas plus de débat ?"

"On n'est pas obligés de se battre pour nommer le chat, quand même."

Eh bien, cela promet pour le jour où il faudra nommer nos enfants.

"Hein, Seccotine ?"

Mais Seccotine se moque de l'indifférence d'Aurélien. Seccotine se tortille et parvient à s'extraire de mes mains en glissant comme une sardine. Puis elle grimpe sur les genoux d'Aurélien et s'amuse à attraper son stylo avec ses griffes. Aurélien grogne, la pose par terre mais elle remonte sur ses genoux, grimpe sur le bureau et se couche sur la feuille d'Aurélien, qui la repousse en grognant de plus belle. Seccotine s'assoit, lèche sa patte, vexée, et se couche un peu plus loin sur le bureau.

Deux égoïstes.