jeudi 17 mai 2012

Depuis deux semaines, le concours d'Aurélien est terminé. La pression est retombée. Aurélien est un être pragmatique : il sait qu'il ne sert à rien de se rendre malade pour une chose à laquelle on ne peut plus rien changer. Et je crois qu'il est plutôt content de lui. Il sait qu'il a fait des erreurs mais a assez de recul pour reconnaître que, dans l'ensemble, ses épreuves se sont bien passées.

Libéré du poids de ses études, il a redevenu un jeune homme chaleureux et spirituel, sociable et amoureux. Il a de petites attentions quotidiennes pour moi, il cherche à me faire rire et se veut sexuellement inventif. Nos étreintes n'ont plus ce caractère mécanique qu'elles avaient pris lorsque Aurélien ne pouvait détacher son esprit de ses révisions. Pour la première fois peut-être depuis notre emménagement dans cet appartement, je comprends ce que c'est que de vivre à deux. De vivre vraiment à deux.

Nous avons enfin pris le temps d'aller voir nos parents. Après de brèves retrouvailles avec nos familles respectives, Aurélien m'a emmenée en voiture dans la ville de notre lycée. Nous avons longé le canal derrière le bâtiment et, assis l'un contre l'autre sur le muret en pierre qui surplombe l'eau verte, nous nous sommes embrassés, ardemment, tendrement, savamment, comme nous nous embrassions aux premiers temps de notre relation. Je n'avais jamais réalisé à quel point le souvenir de ces premiers baisers m'était précieux, à quel point ce canal et ces baisers me manquaient jusqu'à présent.

De retour chez nous, le charme ne s'est pas dissipé. Quand je rentre le soir après une journée de travail, je trouve Seccotine et Aurélien qui m'attendent, tout ronrons et sourires, et je me sens bien, je me sens à ma place, en sécurité, dans une bulle douillette et protectrice, que je ne voudrais quitter pour rien au monde.

Tous les matins, pourtant, la vue et la voix de Paul provoquent un incontrôlable serrement de mon cœur, une irrésistible chaleur dans mon ventre, et me troublent plus que jamais.