lundi 8 août 2011

C'est le matin, je suis levée depuis une heure ou deux. Alternance pluie/soleil à la fenêtre. Le paysage change du tout au tout en quelques secondes. On dirait la télé.

J'ai pour principe de ne pas regarder la télé pendant la journée. Il me semble que ce serait le signe de l'ennui et de l'avachissement absolus. Mais comme mes parents sont en vacances, comme mes amis sont en vacances et comme mon petit ami ne daigne m'accorder qu'une poignée d'heures par semaine, me préférant Hippocrate et sa wii, je ne peux pas dire que j'aie grand monde à qui faire la conversation. Peut-être est-ce ma punition, pour avoir été toute ma vie aussi médisante envers l'humanité.

Je pense à prendre un livre. J'ai un roman à finir, et tous les livres d'hypokhâgne à commencer. Mais je ne veux pas passer ma journée à lire. J'ai pris la ferme résolution de passer quelques minutes par jour à affronter la réalité. En tee-shirt et culotte, les cheveux en désordre, je prends la direction du miroir.

Je ne me découvre pas. J'y suis telle que je suis. Je ne sais pas s'il est normal de s'imaginer être une autre. Je ne sais pas s'il est normal de penser qu'on n'est pas la bonne personne.

Je m'imagine moins rousse, moins jolie aussi, avec de grosses lunettes, disons. Plus vieille, plus expérimentée. Plus cassée aussi, orpheline ou fâchée. Je m'imagine être une femme forte, au caractère bien affirmé, menant mon monde. Je m'imagine très amoureuse d'un garçon doux, discret, drôle, qui m'adore. Je m'imagine courant après l'argent, heureuse au fond de ne pas en posséder beaucoup, juste assez pour construire une cabane bien à moi, colorée et douillette. Sans projet, sans avenir, et tant pis. Si j'écrivais une histoire, c'est comme ça que je ferais l'héroïne. C'est comme ça que je me ressens.

Mais je suis rousse, mignonne, jeune, naïve, préservée, conciliante, faible, effacée, indifférente, soumise, écrasée, malaimée, riche, pâle, bien logée, victorieuse et pleine d'avenir. Et si je ne l'étais, serais-je vraiment plus heureuse ? Serais-je moins seule à cet instant précis ?